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Lignes rouges de la Place Rouge

20 février 2022

Edward Snowden: Des déclarations sans preuves pourraient provoquer une escalade de la crise Est-Ouest

Source: RIA Novosti, Moscou, le  16 février 2022

Edward Snowden doute du sérieux des rapports sur les accusations d’«invasion» de l'Ukraine par la Russie. Pour le lanceur d’alerte, des déclarations infondées pourraient provoquer une crise au-delà de l'Ukraine.

L'ancien agent de renseignement américain Edward Snowden doute de la véracité des rapports sur la prétendue "invasion" de l'Ukraine par la Russie et suggère que des déclarations sans preuves pourraient provoquer une escalade de la crise.

Plus tôt, le journal Politico a cité des sources informées selon lesquelles le président américain Joe Biden, lors d'une vidéoconférence avec les dirigeants des pays occidentaux, de l'Union européenne et de l'OTAN, avait désigné la date de l'"invasion" de la Russie comme étant le 16 février.

l'invasion de l'Ukraine par la Russie le 16 février. Un porte-parole du dirigeant russe Dmitri Peskov, commentant ces rapports mardi après-midi, a déclaré qu'il était difficile de prendre ces publications au sérieux, et le président russe Vladimir Poutine a parfois demandé si l'heure exacte du début de la guerre était publiée quelque part.

Les allégations selon lesquelles la Russie préparerait des provocations en Ukraine continuent d'affluer de l'Ouest, malgré le retour des troupes russes sur leurs sites de déploiement après les exercices. Le ministre russe de la défense, Sergueï Choïgou, a indiqué lundi, lors d'une réunion avec le président russe Vladimir Poutine, qu'"une partie des exercices arrive à son terme, certains seront bientôt terminés". Les districts militaires du sud et de l'ouest de la Russie ont commencé à faire revenir les troupes sur leurs sites de déploiement, a déclaré mardi à la presse le porte-parole du ministère russe de la Défense, le général Igor Konashenkov.

"Je veux que le conflit en Ukraine prenne fin, et franchement, je pense que toutes les personnes raisonnables partagent cette position. La question ... est de savoir si les déclarations officielles amplifiées faites sans preuve réduisent les actions hostiles ou les provoquent réellement", a écrit M. Snowden sur Twitter.

Selon Snowden, la source de son scepticisme est que "les services de renseignement américains ont (à nouveau) fait des déclarations vraiment impressionnantes sans fournir aucune preuve."

"Alors... Si personne ne se présente à l'invasion prévue par Biden pour demain matin... Je ne dis pas que votre crédibilité journalistique a été utilisée dans l'une de ces campagnes de désinformation sur lesquelles vous aimez écrire, mais vous devriez au moins envisager cette possibilité", a noté M. Snowden.

Snowden avait déclenché un scandale international majeur en juin 2013 en divulguant au Washington Post et au Guardian un certain nombre de documents classifiés sur les programmes de surveillance américains et britanniques sur Internet. Il s'est ensuite rendu à Hong Kong, puis à Moscou, où il a passé un certain temps dans la zone de transit de l'aéroport de Cheremetievo. Après avoir essuyé le refus de plusieurs autres pays, la Russie a accordé à Snowden un asile temporaire d'un an à condition qu'il cesse ses activités contre les États-Unis. En août 2014, Snowden a obtenu un permis de séjour de trois ans lui permettant de voyager non seulement en Russie mais aussi à l'étranger. Snowden s'est ensuite vu accorder un permis de séjour à durée indéterminée en Russie. En novembre 2020, l'avocat Anatoly Kucherena a rapporté l'intention de Snowden d'obtenir la citoyenneté russe.

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20 février 2022

L'URSS s'est effondrée un jour de Noël

Trente ans après, le porte-parole de Gorbatchev raconte comment l'URSS s'est effondrée en quelques semaines. Récit d'un témoin privilégié.

Article publié dans Valeurs Actuelles, par Jean-Michel Demetz, le 18 décembre 2021, mis à jour le 17 décembre 2021

Il est donné à peu d’hommes de choisir la date de la mort d’un empire. Dernier porte-parole de Mikhaïl Gorbatchev, Andreï Gratchev revendique cette responsabilité. Le soir du 25 décembre 1991, le premier et dernier président de l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) annonçait à la télévision sa démission. Le drapeau soviétique avait été abaissé pour la dernière fois des toits du Kremlin.

Gorbatchev avait d’abord prévu son intervention un jour plus tôt. Mais son conseiller le retient : « S’il vous plaît, Mikhaïl Sergueïevitch, pas le soir du 24 ! C’est le soir du réveillon pour des centaines de millions de catholiques. Ne leur gâchez pas cette soirée en annonçant une nouvelle qui va bousculer le monde entier et envoyer une onde de choc et d’angoisse à travers la planète ! »

Et voilà comment l’empire athée gagna un sursis de vingt-quatre heures grâce à la Nativité… Une jolie ruse de l’histoire.

Coincé entre libéraux et tenants d’un pouvoir autoritaire, le rêve de Gorbatchev d’un socialisme réformé s’est brisé.

Dans son livre le Jour où l’URSS a disparu, qui est à la fois un récit haletant et une analyse personnelle, Gratchev offre un témoignage passionnant, à défaut d’être impartial, sur la fin du pays des soviets. Appelé au pouvoir en 1985, Mikhaïl Gorbatchev, le jeune secrétaire général (il a alors tout de même 54 ans) du Comité central du Parti communiste de l’URSS, a cru jusqu’au bout qu’il pourrait sauver un État en plein délitement.

Mais ses réformes, la perestroïka (“restructuration”) et la glasnost (“transparence”), n’auront abouti qu’à hâter l’effondrement de l’économie et le réveil des nationalismes. Coincé entre libéraux et tenants d’un pouvoir autoritaire, son rêve d’un socialisme réformé s’est brisé.

La proclamation de la souveraineté de la Russie, le 12 juin 1990, à la tête de laquelle est bientôt élu Boris Eltsine, hâte le processus de désintégration.

Gorbatchev ne maîtrise plus rien. Alors même que l’ambassadeur des États-Unis l’a prévenu d’une conspiration imminente, il est sidéré, le 19 août 1991, lorsque Guennadi Ianaïev, vice-président de l’URSS, Valentin Pavlov, Premier ministre, Vladimir Krioutchkov, président du KGB, Dmitri Iazov, ministre de la Défense, et Boris Pougo, ministre de l’Intérieur, tous nommés par lui, profitent de ses vacances en Crimée pour prendre le pouvoir à Moscou.

Ce putsch fait long feu en quarante-huit heures grâce à l’énergie d’Eltsine. Gorbatchev est libéré de sa séquestration, mais son autorité est désormais compromise. Il continue pourtant à se faire des illusions. Il quitte la direction du PC, qui sera juste après interdit par Eltsine. Fondée sur la dictature d’un État-parti, l’Union soviétique meurt à ce moment-là. Mais nul n’ose le dire.

Les trois républiques baltes, qui avaient proclamé leur indépendance au printemps 1990, sont reconnues par l’Occident. Après l’Ukraine qui se déclare indépendante le 24 août, les autres républiques suivent. C’est la débandade.

Gorbatchev s’accroche pourtant à son espoir de voir une nouvelle union s’établir entre les républiques désormais souveraines, avec un parlement, une Constitution et bien sûr un président – qu’il serait lui-même. Une URSS light , en somme.

Ce putsch fait long feu en quarante-huit heures grâce à l’énergie d’Eltsine. Gorbatchev est libéré de sa séquestration, mais son autorité est désormais compromise.

Le 14 novembre, il obtient un accord des dirigeants des républiques pour créer un « État démocratique et confédéral» . Un traité doit l’entériner le 25. Mais ce jour-là, à Novo-Ogarevo, se produit un coup de théâtre ! Soutenu par son homologue biélorusse Stanislaw Chouchkevitch, Eltsine exige un délai de quinze jours. Les deux hommes n’attendent, en réalité, qu’une chose : le référendum du 1er décembre 1991, qui doit confirmer l’indépendance de l’Ukraine et l’élection à sa présidence de leur complice Leonid Kravtchouk. Les Ukrainiens votent à 90 % pour leur indépendance. Eltsine estime que la situation est mûre.

Le 7 décembre, Chouchkevitch, Kravtchouk et lui se retrouvent en secret dans une datcha biélorusse, près de la frontière polonaise, la résidence Visculi. Pendant que leurs conseillers se mettent d’accord, les trois hommes partagent la bania, le sauna russe. Le lendemain, dimanche 8, à 14 h 17, devant un photographe, ils signent l’accord de Minsk annonçant que «l’URSS, en tant que sujet de droit international et réalité géopolitique, n’existe plus» et créant la Communauté des États indépendants (CEI).

Afin de le neutraliser, ils appellent le ministre soviétique de la Défense de l’URSS, le maréchal Chapochnikov, qui se voit promettre le même poste dans la CEI. Un deuxième coup de téléphone est destiné au président américain, George Bush père, sidéré d’apprendre que l’URSS vient de disparaître d’un trait de plume.

Le troisième appel vient de Gorbatchev qui convoque Eltsine au Kremlin. Le lendemain, lundi 9 décembre au matin, raconte Gratchev, « Eltsine arriva entouré de ses gardes du corps armés de kalachnikovs, lesquels prirent position face à ceux de Gorbatchev dans le corridor de l’entrée. L’atmosphère était à couper au couteau ».

Gorbatchev conteste la légalité de l’accord de Minsk. C’est un dialogue de sourds. Le lendemain, celui qui s’estime toujours président de l’URSS rencontre les maréchaux et généraux commandant des armées et des districts militaires pour s’assurer de leur soutien. C’est raté. Ils ont déjà basculé dans le camp d’Eltsine, qui a promis d’augmenter leurs soldes.

Deux jours plus tard, le cabinet de Gorbatchev se voit couper tous les fonds officiels. Le 21 décembre, les dirigeants des républiques réunis à Alma-Ata (Kazakhstan) valident que «l’Union des républiques socialistes soviétiques cesse d’exister avec la création de la Communauté des États indépendants».

La passation des pouvoirs a lieu deux jours plus tard, le 23, au Kremlin. Gorbatchev et Eltsine discutent ensemble durant huit heures… Le premier va céder au second les codes nucléaires et un siècle d’archives secrètes du Politburo. Après sa démission, le 25, jour de Noël, il est convenu que Gorbatchev aura quatre jours pour quitter ses bureaux.

Mais, dernière avanie, dès le matin du 27, Eltsine fait irruption pour réclamer les lieux à son prédécesseur. À son attaché de presse qui le félicite : «Regardez, Boris Nicolaïevitch, de quel bureau splendide vous vous êtes emparé», le nouveau maître du Kremlin réplique: « Ce n’est pas d’un bureau, c’est de tout un pays qu’il s’agit.»

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